La cueillette des champignons à CEILHES.

Est-il besoin de le présenter ? Boletus edulis ou cèpe de Bordeaux, le vrai, le pur, l’objet de tant de convoitises, de secrets de polichinelles, d’envies, de jalousies et de recherches assidues, que dis-je de quête sacrée ! Qu’il pleuve et qu’il fasse doux en automne et tout le village, et toute la région part à sa recherche au plus profond des bois dont chaque recoin de litière humique est alors scruté comme un diamant précieux ! Que paraisse le chapeau, le renflement suspect sous les feuilles et le cœur accélère, s’emballe, l’adrénaline monte inconsidérément, tout le corps est tendu jusqu’à la délivrance qui se compte alors en kilogrammes, en fermeté, en adjectifs et superlatifs sur la beauté du roi de la forêt. Et l’on pense à la poële qui va le cuire et à ce qu’on va en dire, en exagérant toujours un peu, à tous ces envieux rentrés bredouilles… pour une fois que c’est eux !

Pleurotus eryngium… la Pleurote du panicaut…la reine des prés, le pendant prairial du roi sylvatique. Quel dilemme parfois…aller aux cèpes ou aux « oreillettes »… pour peu qu’il y ait des « piboulettes » champignons de connaisseurs poussant sur les souches de peuplier (le piboul), et l’Homme dans sa quête culinaire traquera toute la journée en se disant… pourvu que je sois le premier à passer ! Que le bredouille se fasse jour et les regrets et la rage montent face au mauvais choix pressenti devant l’avidité des autres gourmets passés avant. Mais que le panier se remplisse et l’orgueil et la fierté reparaissent. Peu importe, car ces mets se dégustent entre amis et dans ces cas là les amis acceptent tant de vantardises contre ces bouchées suaves, gouleyantes et longues en bouches. Pour peu que le vin soit bon et que demander de plus ?